La Maison du Peuple

1936


Maison du Peuple just after completion in 1936

Le contexte

C'est à Limoges que la C.G.T. (Confédération géné­rale du Travail) voit le jour en septembre 1895. Cette ville ouvrière manquait cependant d'un lieu emblé­matique qui pouvait regrouper les syndicats, disper­sés en différents lieux de la ville. Lorsque survient la crise économique de 1929-1930, de nombreuses entreprises régionales ferment et ce phénomène entraîne le développement d'un esprit d'entraide et de coopération au sein d'associations, d'universités populaires et de syndicats. Cette évolution s'insère dans des mouvements populaires qui conduiront à l'avènement du Front populaire.



La municipalité étudiait depuis les années 1910, un projet de maison destinée aux syndicats de la Hau­te-Vienne, celui-ci naît seulement en 1933. Le maire de Limoges, Léon Betoulle, s'implique personnelle­ment. Le site retenu est celui de l'ancienne Ecole pratique de commerce et d'industrie, qui avait obtenu de nouveaux locaux avenue Saint-Eloi (actuel lycée Turgot). Par ailleurs, la municipalité achète plusieurs immeubles contigus à l'ancienne école pratique.


Le projet est conçu par Léon Faure, architecte de la Ville. Le bâtiment est inauguré de manière très symbolique le 7 juin 1936, le jour des accords de Matignon signés par le Front Populaire.


L'édifice

Lieu de réunion et de spectacles, le bâtiment tranche par son architecture des années trente avec les im­meubles du XVIlle siècle de la rue Charles-Michels. L'emplacement de la Maison du Peuple au coeur de la ville est symbolique de l'importance donnée à l'édifice par la municipalité.


Ce bâtiment se remarque par son architecture en pierre pour les soubassements et en béton pour l'élévation, et par ses larges ouvertures sur la rue. L'ordonnancement des baies sur les quatre niveaux reprend des principes architecturaux du XIXe siècle (notamment la décroissance de la taille des fenê­tres en fonction de l'élévation) et structure l'édifice de manière très régulière avec trois travées de part et d'autre du portail. Une mosaïque dans les teintes de marron-rouge, d'orangé, de blanc et de bleu-gris dénomme l'édifice. Les baies sont très structurées (à linteau en plein cintre pour le rez-de-chaussée, à linteau droit pour le premier et à chanfrein pour le second) et une corniche largement saillante délimite le corps de bâtiment. La travée centrale se distingue des autres par un encadrement de colonnes à de­mi-engagées à cannelures et par la présence d'un balcon. Le rez-de-chaussée est surmonté d'une frise en décroché en dents de scie, ornée de la lettre T, symbolisant le Travail. Ce bâtiment, en effet, de par son caractère emblématique, possède de nombreux éléments décoratifs rappelant sa fonction syndicale : vitrail situé dans la salle de spectacle jouant sur le motif CGT, sigle CGT formé d'un petit pavage de mosaïque de ciment dans les tons de gris, jaune, bleu et rouge sur le sol du hall d'accueil, ferronne­rie stylisée. Dans la salle de spectacle, au-dessus du rideau, une fresque de Pierre Parot, de style constructiviste, représente la concorde et la parfaite harmonie régnant entre le monde ouvrier et urbain (à droite) et le monde agricole (à gauche). Chacun de ces mondes contribue au progrès de la nation et à l'élévation des peuples symbolisée par une fleur grimpante en position centrale. En retrait du corps principal se trouvent une salle des fêtes et deux sal­les de réunion secondaires.


Actualité

Le bâtiment abrite toujours plusieurs syndicats et est également mis à la disposition du monde associatif. Il est labellisé Patrimoine du XXe siècle par arrêté du 25 mars 2002.


Orientation bibliographique

S. Capot et B. Sardin, Entre rêve et réalité, architecture et urbanisme à Limoges depuis la Révolution, Limoges, 2005.




Architecte,        Peintre,
Léon Faure   Pierre Parot



Léon Faure (1887-1949) est recruté comme architecte-adjoint à la ville de Limoges en 1914 avant de devenir en 1920 architecte chef de service. Au service de la municipalité de 1914 à 1947, il conserve en parallèle une activité privée et collabore à de nombreux chantiers par l'intermédiaire de l'entreprise Le bâtiment créée par Jean Reynès. Il est l'auteur à Limoges de l'Ecole pratique de commerce et d'industrie. Il prend part activement à la Résistance, au sein du mouvement des Francs-tireurs. Il est un temps révoqué de ses fonctions sous l'Occupation. Après la guerre, il est fait chevalier de la Légion d'honneur.



Pierre Perot (1894-1979), né à Condat, élève de'Ecole des arts décoratifs de Limoges. entre dans l'Atelier Chigot en 1912 en qualité de dessinateur en vitraux. En 1919, il est nommé directeur artistique de l'Atelier Chigot. Il le reste jusqu'en 1939. Dès 1937, il occupe des charges d'enseignement à l'Ecole nationale professionnelle. Parallèlement à sa carrière d'enseignant qu'il poursuit jusqu'en 1961 dans le même établissement, il crée de nombreux vitraux dans l'Atelier Chigot. qui devient l'Atelier du Vitrail. Il est l'auteur de ferronneries à l'Ecole professionnelle nationale et de fresques au Ciné-Union (Limoges). Ses créations publicitaires sont également très nombreuses.


GéoCulture
Chronologie du syndicalisme en France
Video;- A Short History of Trade Unions in Britain (Use subtitles)